Faire de la transformation sans le savoir
J’ai démarré avec comme seul bagage mes convictions : l’entreprise avait beaucoup grandi, et il n’était plus possible de rester efficient et de servir correctement nos clients dans une organisation en silo, avec une verticalité très forte. J’ai souhaité faire évoluer le modèle pour créer des équipes autonomes, responsables, qui sauraient comprendre et s’adapter en permanence aux challenges qu’elles allaient rencontrer. Sur le papier, l’idée était claire, et en l’espace de trois mois, tout aller être transformé. Évidemment, ça ne s’est pas passé comme ça.
Les trois mois sont devenus trois ans, durant lesquels j’ai dû faire face à toutes sortes d’obstacles, échouer beaucoup, mais également apprendre énormément. J’avais la chance de travailler avec une direction qui me soutenait même si nous n’étions pas toujours d’accord, et des managers qui donnaient une énergie incroyable pour nous permettre d’avancer. Même si cette construction s’est faite de façon empirique, nous avons été au bout du voyage, et l’entreprise a réellement pris une nouvelle dimension.
J’ai compris que ce projet n’était pas qu’une question d’organisation, mais avant tout une question de culture et de valeurs. Et que, de ces deux éléments, découle un système complexe allant du management à l’outillage, en passant par les procédures, la relation client, etc. Et comme j’aime comprendre les choses – je suis curieux, c’est un vilain défaut – j’ai profité de ce voyage pour me former à la partie théorique sur les nouveaux modèles de management, sur la pensée complexe, et sur la conduite du changement.
Un nouveau projet
Parmi les convictions qui m’animent, une porte sur le rôle du manager : “un bon manager est quelqu’un qui doit avoir pour but de ne plus avoir d’utilité”. De nombreux concepts se cachent derrière cette phrase : le courage managérial, la posture d’accompagnement du manager, le transfert de pouvoir aux équipes et leur responsabilisation, etc. Et après plusieurs années, j’ai pu mesurer que j’y étais arrivé. Les équipes étaient réellement autonomes, et si je n’étais pas présent, tous les projets continuaient à avancer, et à bien avancer. Il était temps pour moi de passer à autre chose.
À l’origine de Tout Se Transforme
J’ai appris énormément au cours de ces expériences, et il a fallu synthétiser tout cela, et de déterminer comment je pouvais le mettre au service des autres. Chaque jour, dans les rencontres que je faisais dans mon entourage professionnel, je voyais des entreprises qui se heurtaient aux changements conjoncturels de notre monde : numérique, évolutions sociétales, changement climatique… Et la plupart étaient perdus. Ils avaient des difficulté à comprendre ce qui se passe, à établir une stratégie, à qualifier et quantifier les risques.
En parallèle, j’avais acquis une réelle maîtrise des méthodologies agiles et de la philosophie qui les soutiennent. Elles sont, en effet, largement utilisées dans les projets informatiques, car elles permettent d’agir dans un contexte incertain et complexe.
Enfin, j’aime faire des rencontres, écouter les autres, apprendre à leur contact, et si je suis compétent, les aider. J’ai passé tous ces éléments au blender, et c’est de là qu’est né le projet “Tout Se Transforme”.
Le nom est issu de la phrase du chimiste Antoine Lavoisier :
Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme
Dans le contexte du projet, elle a trois niveaux de lecture :
- La transformation d’une entreprise se fait avec les éléments qui la constitue : sa raison d’être, sa culture, ses processus, etc. C’est une évolution de l’entreprise, pas une révolution. Comme en chimie, on obtient quelque chose de nouveau en combinant et en faisant réagir des éléments déjà présents.
- « Tout se transforme » car notre monde est en train de se transformer. Tout est en train de changer.
- Et aussi car tout PEUT se transformer. Il n’existe pas de cas où la transformation n’est pas possible.